Le crowdfunding, ou financement participatif, a le vent en poupe. On en entend de plus en plus parler. C'est vrai que l'idée est sympa, a du potentiel, mais si on se penche un peu sur les différents acteurs dans ce domaine, on trouve à boire et à manger.
Le projet
Nous voulons nous doter d'une imprimante 3D afin d'imprimer à destination des aveugles, la cartographie du jeu sur un support en plastique, plus résistant à l'usure que du papier embossé. L'idée du crowdfunding est intéressante, elle pourrait nous permettre de toucher un plus large public et de mener à bien cette initiative solidaire.
Octopousse, le breton qui perd son âme
"L'équipe se compose de deux jeunes bretons souhaitant relancer la créativité et aider les porteurs de projets à réaliser leurs rêves dans un esprit solidaire, éthique et généreux" peut-on lire sur le site d'Octopousse. Comme l'idée de l'imprimante 3D a germé en Bretagne, on a naturellement pensé à Octopousse, start-up bretonne, pour héberger notre projet. Avec ses 66% de projets réussis, fièrement affichés en haut des pages du site, c'était réconfortant. Un site clair, une navigation aisée et très probablement accessible aux aveugles, c'est un excellent début. Une commission fixe de 7% permet exactement de savoir où l'on va, combien il faudra demander pour être dans le budget.
Hélas, il y a 2 jours, la petite société Octopousse a été phagocytée par Ulule, leader européen du crowdfunding. Sûrement une histoire de gros sous, mais on s'est bien gardé de prévenir les utilisateurs de ce qui se tramait en sous-main. Pas super, pour un site original qui mise à fond sur son origine bretonne et conviviale dans la presse locale. Ouais, le "made in BZH", c'est vendeur, mais question éthique, vous repasserez, hein !
Sur le site d'Octopousse, on peut lire "Né en 2011". Il faudra rajouter "Mort en 2013". Pourtant, je dis ça, mais il fallait s'y attendre :
WIKIPEDIA a dit :
« La pieuvre commune ou poulpe commun (Octopus vulgaris) est une espèce de pieuvre de la famille des octopodidés vivant dans les eaux côtières des mers tropicales et sub-tropicales. Sa durée de vie est en moyenne de 2 ans, car elle meurt après s'être reproduite. »
Exit, Octopousse !
Ulule, un bazar pas croyable !
Alors comme on m'y a gentiment poussé, j'ai été voir Ulule. Un site malcommode, des couleurs assez désagréables, des images inaccessibles pour les aveugles (l'œuf qui sert de jauge n'est pas traduit en texte par exemple), un tri qui laisse grandement à désirer, c'est vraiment pas une plate-forme aussi agréable qu'Octopousse. La première impression, outre celle du gros qui veut "bouffer" les petits comme Octopousse, est plutôt négative. Alors pour voir si Ulule vaut vraiment le coup, je me suis plongé dans les CGU, et là, c'est le drame. Pas moins de 3 barèmes différents selon la provenance des dons. Vous y comprenez quelque chose, vous ?
ULULE a dit :
« Paypal prélève sa propre commission sur les paiements exécutés, qui est à la date de rédaction des présentes de 3,4% +0,25 cents d'euros par transaction. Cette commission appliquée par Paypal est perçue directement par Paypal.
Par ailleurs, la Société applique sa propre commission en rémunération du service d'intermédiation, telle prévue à l'article 6.4.
[...article 6.4 qui n'existe pas...]
Pour les Porteurs de Projets bénéficiaires des Contributions, les frais des Services fournis par la Société sont calculés en pourcentage du montant des Contributions collectées par l'intermédiation du Site.
Le pourcentage applicable varie en fonction du mode de paiement et est de :
- 6,69 % HT en cas de paiement par carte bancaire ou par Débit Direct ;
- 4,18% HT en cas de paiement par chèque ou Paypal.
La TVA est applicable au taux en vigueur au jour où le transfert des fonds collectés est effectué. »
Un vrai charabia, surtout que dans la FAQ on donne d'autres chiffres, le site mélangeant allègrement le hors taxes et le TTC. En gros, ça tourne autour de 8%, donc c'est plus cher pour les porteurs de projets. Mais 8 pile ? Plus de 8 ? Moins de 8 ? Là, il faut bien faire attention : Paypal n'est pas rentable surtout pour les petits dons, car en plus des 8,4% prélevés sur la somme, il y a des frais fixes de 25 centimes qui s'ajoutent. Les dons directs reçus par chèque ou virement sans passer par l'intermédiaire d'Ulule doivent leur être déclarés et sont soumis à une commission de 5%, juste pour faire monter la jauge. C'est trop compliqué pour pouvoir établir un budget prévisionnel et anticiper précisément les commissions à payer.
J'ai écrit à Octopousse qui m'avait octopoussé chez Ulule pour faire part de mon mécontentement et demander des précisions claires sur le charabia des commissions perçues. Après tout, si l'ancienne co-fondatrice d'Octopousse bosse maintenant chez Ulule au poste de "Directrice Régions et Territoires", elle doit bien savoir ! Le message a été lu mais je n'ai pas eu de réponse. Qui sait si j'en aurai ou non... Les gens reçoivent souvent mal la critique sans voir un seul instant qu'elle peut être constructive.
Alors devant ce bazar, j'ai cherché ailleurs.
Babeldoor, des clauses carrément abusives !
J'ai trouvé Babeldoor, un petit site simple, sobre, avec beaucoup de texte et peu d'images donc carrément accessible aux aveugles. Je sais, je ne suis pas aveugle, mais j'essaie de me mettre à leur place. Bon, Babeldoor, ça semble vraiment être un site qui ne veut pas péter plus haut que son derrière et ça me plaît. Sur Facebook, Babeldoor a 3223 fans contre 3626 pour Octopousse, c'est kif kif pareil. J'ai regardé les commissions : 5% seulement ! C'est particulièrement attractif. Alors j'ai créé un compte puis j'ai mieux lu les conditions d'utilisation et là... c'est le drame. Gare au piège ! Vous allez voir, plus c'est gros, plus ça passe.
Prenons un exemple simple, un chanteur veut collecter des fonds pour auto-produire son premier album. Il s'inscrit sur Babeldoor sans faire attention, lance son projet et met une chanson sur sa page à titre de démo. Trop tard ! Voici ce qu'il a raté dans les CGU de Babeldoor :
BABELDOOR a dit :
« Lorsque l'utilisateur publie un contenu de quelque sorte que ce soit (image, vidéo, son, texte, commentaire, animation, document...) sur le site, il reconnait et accepte : [...]
Qu'il cède à Babeldoor une licence mondiale, non-exclusive, perpétuelle, gratuite, irrévocable et non-transférable pour utiliser, éditer, modifier, reproduire, distribuer ou exploiter ces contenus pour toute activité connexe au Site, à son Service et à la Société sans limitation, et sous toute forme et par tout média (incluant, sans limitation, des sites tiers).
Qu'il accorde également aux utilisateurs du Site ou du Service une licence non-exclusive leur permettant d'accéder à ses contenus, et de les utiliser, les éditer, modifier, reproduire, distribuer, à des fins non-commerciales destinées à la promotion de ses projets. [...]
Que les droits concédés ci-dessus ne cessent pas lorsqu'il se désinscrit du site. »
En somme, si notre chanteur est le nouveau Grégoire, Babeldoor qui aura flairé le bon filon pourra presser sur CD la chanson de démo mise par l'artiste sur son site, et pourquoi pas la mettre en vente pour son propre compte sur iTunes. C'est permis puisque c'est pour promouvoir l'efficacité de sa plate-forme. Même après que le chanteur ait fermé son compte sur Babeldoor. La licence est perpétuelle et irrévocable. Même s'il se désinscrit du site. C'est comme ça. De plus, les utilisateurs de Babeldoor auront le droit de diffuser la dite chanson gratuitement à qui veut. C'est pas du piratage, c'est de la promo. Alors si le malheureux innocent a mis plusieurs chansons en démo, autant oublier l'idée de vendre son CD.
Merci Babeldoor !
Je note avec amusement l'avant-dernier article des CGU de Babeldoor au sujet de la propriété intellectuelle où, quand il s'agit d'eux, alors là on ne parle plus du tout le même langage :
BABELDOOR a dit :
« Aucun élément composant le site ne peut être copié, reproduit, modifié, réédité, chargé, dénaturé, transmis ou distribué de quelque manière que ce soit, sous quelque support que ce soit, de façon partielle ou intégrale, sans l'autorisation écrite et préalable de Babeldoor à l'exception d'une stricte utilisation pour les besoins de la presse et sous réserve du respect des droits de propriété intellectuelle et de tout autre droit de propriété dont il est fait mention.
Toute représentation totale ou partielle du site par quelque procédé que ce soit, sans l'autorisation expresse de Babeldoor est interdite et constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. »
Mince alors ! J'ai recopié des extraits des CGU...
Les CGU de Babeldoor ont été avalisées par une avocate parisienne. J'aimerais avoir son avis sur cette clause qui, au regard du droit Français, me semble léonine. C'est décidé, je vais contacter la gérante de Babeldoor, parce que non mais là c'est abusé ! Je veux avoir son avis à elle aussi. Je ne sais pas si j'aurai une réponse, ou si on m'ignorera simplement. En regardant mieux chez Ulule, on trouve des clauses similaires, mais en mieux, puisqu'elles n'ont pour but QUE l'intérêt du projet et que l'utilisateur peut y mettre un terme quand il le souhaite :
ULULE a dit :
« Le Porteur de Projets concède à la Société à titre exclusif et gracieux, pour le monde entier et pour toute la durée des présentes, les droits tels que précisés ci-dessous, afin de permettre à la Société de fournir le Service sous forme de diffusion sur Internet, sur les réseaux de téléphonie mobile et/ou sur tout autre réseau actuel de communication ouvert au public.[...]
Cette licence comprend notamment le droit pour la Société de reproduire, représenter, adapter, traduire, numériser, utiliser ou sous-licencier les contenus concernant l'Utilisateur (informations, images, vidéos, description, critères de recherche, etc.) sur tous supports de communication électronique dans le cadre de la fourniture de ses Services. Ces droits sont concédés pour le monde entier et pour la toute la durée d'exécution des présentes Conditions générales entre l'Utilisateur et la Société. [...]
Les Présentes Conditions Générales de Vente et d'Utilisation s'appliquent pendant toute la durée d'utilisation du Site et jusqu'à la clôture du compte pour quelque raison que ce soit. »
C'est rassurant de savoir que quelqu'un ne se réserve pas le droit de détourner ce qu'on lui fournit dans un but précis. L'éditeur de Dragonium est titulaire des droits exclusifs relatifs aux images créées par les dessinateurs, qui ont tous signé un contrat pour officialiser cela. Je n'ai pas envie que, si Dragonium devient un énorme buzz, Babeldoor se permette de fabriquer et vendre des objets portant la bannière dessinée par Red Coin pour se faire des sous dans notre dos, juste parce que j'aurai commis
l'erreur de vouloir illustrer une page de présentation du projet.
Moralité
On entend régulièrement une voix dénoncer un site ou un blog qui, dans ses conditions, devient propriétaire des éléments que vous envoyez dessus. Eh oui. Personne ne lit les CGU attentivement. C'est regrettable. Regrettable que des plates-formes veuillent disposer de ce qui n'est pas à elles.
Medice, cura te ipsum ! Cette nuit, j'ai assoupli les conditions d'utilisation de Dragonium car je me suis aperçu qu'elles pouvaient, elles aussi, sous-entendre de mauvaises intentions au niveau des créations artistiques (noms de guildes, avatars). Si on est obligé d'avoir une licence pour nous permettre légalement d'afficher sur le jeu et les supports promotionnels divers (comme une photo ou une copie d'écran dans un journal) les créations des utilisateurs, celle-ci peut maintenant être rompue sur simple demande écrite.
Si vous connaissez d'autres sites de crowdfunding adaptés à notre projet, n'hésitez pas à les proposer. J'irai examiner ça attentivement et je vous tiendrai au courant. Déjà, j'attends les deux réponses aux messages que j'ai envoyés à Octopousse et Babeldoor.
On pourrait croire que je râle après tout le monde, mais en fait non. Je cherche juste à trouver une plate-forme qui soit vraiment
honnête, agréable et avec une éthique. L'équivalent de Dragonium, tout simplement.
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Mise à jour du 30 mai, 22h.
Des réponses
J'ai eu des réponses, dont celle de Babeldoor moins de 2 heures après mon mail. La responsable de Babeldoor me confirme que les CGU, écrites il y a plusieurs années, peuvent contenir certaines clauses rédigées
« de façon inappropriée ou maladroite »,
« à une époque ou aucun autre site de crowdfunding de projet n'existait ». Rassurante également, la fin du message :
« Nous ne voyons pas de problème à réouvrir le dossier cgu et faire modifier nos clauses avec le nouvel avocat de la propriété intellectuelle qui nous conseille depuis 2012 ».
Si je puis émettre quelques suggestions, je conseillerais à Babeldoor :
- prioritairement, d'encadrer les conditions de la cession de droits : "...dans le cadre strict de l'exécution du service, soit la promotion du projet par Babeldoor" pour éviter tout emploi extérieur au détriment du porteur de projet (les fameuses "activités connexes au site") ;
- de s'octroyer un droit de licence révocable par l'utilisateur, à la fermeture du compte de celui-ci ou sur demande écrite, par exemple ;
- de ne surtout pas donner à n'importe quel visiteur du site (même non inscrit, car le terme "Utilisateur" désigne aussi les simples visiteurs dans les CGU) le droit d'utiliser, éditer, distribuer les éléments soumis sur Babeldoor par quelqu'un... mais plutôt d'encourager la diffusion du lien vers la page du projet sur les réseaux sociaux avec le lien "Partager" qui existe déjà, peut-être en le mettant plus en valeur ;
- de s'interdire d'utiliser les éléments fournis pour promouvoir la plate-forme Babeldoor sans autorisation explicite de l'utilisateur (une case à cocher dans le profil : "J'autorise Babeldoor à utiliser les éléments fournis par mes soins dans le but de faire la promotion du site sur tout support de communication").
Vers 19h30, nouvel e-mail de Babeldoor : les CGU
« devraient être corrigées dans le week-end ou lundi prochain au plus tard ».
Octopousse m'a également répondu dans l'après-midi. Leur âme n'aurait pas été vendue et Ulule était leur modèle depuis le départ. Les commissions sont bien de 8% sur Ulule et
« Paypal n'est utilisé qu'avec les gros projets qui le demandent ». Enfin, si Octopousse n'avait pas été racheté par Ulule, ils auraient également utilisé la même plate-forme financière qu'Ulule et auraient du augmenter leur commission à 8% également.
Kisskissbankbank : pas de prise de tête
Avec ses 8% de commission, Kisskissbankbank (abrégé KKBB) s'aligne sur Ulule, à ceci près que la commission est fixe quel que soit le moyen de paiement. Dans les conditions d'utilisation de KKBB, aucune cession de licence. On suppose donc que c'est le bon sens qui s'applique : que le contenu soumis par l'utilisateur pour lancer son projet est utilisable par KKBB dans l'unique but de la promotion du dit projet et que KKBB ne revendique aucun droit sur les éléments envoyés. Comme il n'y a pas de licence accordée, il n'y a pas non plus de durée ou de clause de rupture. Le bon sens voudrait que KKBB ne dispose que de l'autorisation de publier les contenus que pendant la durée d'accessibilité de la page, même une fois la collecte terminée. Dans les faits, le site a la mémoire longue : les collectes (réalisées ou échouées) restent accessibles et le contenu des pages l'est également. Mais comme il n'y a pas de termes concernant une licence quelconque, on n'a rien à craindre concernant un possible détournement du contenu.
Le site est très clair, très agréable à visiter et accessible aux aveugles. La FAQ est exemplaire en terme de précision et d'exhaustivité. Par contre, il y a cette histoire de mentors, des sociétés qui peuvent accoler leur image à un projet. Pas de règle de ce côté là : on peut imaginer qu'un projet soutenu par un mentor a plus de chances d'aboutir. Et le choix des soutiens n'appartient qu'aux mentors. Voici un extrait de la FAQ de KKBB :
KISSKISSBANKBANK a dit :
« Les Mentors sont des institutions, médias ou marques qui proposent des projets provenant de leurs propres communautés. (Lecteurs, adhérents, employés, membres). Ils peuvent également soutenir financièrement des projets sur KissKissBankBank ou leur donner de la visibilité. »
Autrement dit, ils promeuvent d'abord les projets de leur communauté. Et si on n'a pas ses entrées chez l'un d'eux, les chances d'être soutenu sont nettement plus réduites. L'intérêt du mentor est simplement l'appui qu'il peut offrir en terme de communication et de propagation du projet. Je pense qu'un média comme Radio Campus ou Le Monde a plus de chances de faire connaître et donc faire financer des projets, que La Banque Postale.
Conclusion (provisoire ?)
Actuellement, je classe les 3 sites de crowdfunding ainsi :
1er : KissKissBankBank. Clarté générale du site, conditions d'utilisation non abusives.
2ème : Ulule. Malgré des commissions pas claires, des CGU giga-longues écrites en gris clair sur blanc (merci pour mes yeux), les conditions sont acceptables.
3ème : Babeldoor. Un outsider moins cher, qui arrive en fin de classement à cause de ses CGU mais qui, si elles sont modifiées ce week-end comme prévu, pourrait bien grimper devant les autres et attirer notre projet.
L'avantage des deux premiers réside en leur énorme portée sur la toile. Plus on a de poids, plus on attire de monde. C'est un cercle vertueux. Babeldoor pourrait peut-être annoncer des chiffres rassurants sur le pourcentage de collectes réussies et axer un peu plus sa com' vers ses utilisateurs comme le faisait Octopousse, profitant d'une image originale et de son poulpe, mis un peu à toutes les sauces.
A l'heure actuelle, l'arrêt d'Octopousse a eu pour conséquence un décalage de quelques jours du lancement de notre projet d'achat d'imprimante 3D. Le choix du prestataire n'est pas encore arrêté mais on vous tiendra au courant, évidemment !
Si vous connaissez d'autres sites de crowdfunding, n'hésitez pas à les proposer.
Jeudi 02 mai.
Yywyn et moi avions prévu de se réveiller de bonne heure car mon appartement était un vrai chantier : depuis une dizaine de jours Yywyn squatte et on a "un peu oublié" le ménage. L'enfer étant pavé de bonne volonté, on a décidé de mettre le réveil à midi sachant que nous nous sommes couchés entre 5 et 6 heures du matin. C'est donc tout naturellement que nous avons ouvert un œil à... 14h !
13h53, SMS d'Yywyn, envoyé depuis son lit, en plein milieu de mon salon : "2 heures de retard... Ca va, on est dans la moyenne."
A peine une demie journée pour :
- Préparer les animations du visu.
- Acheter un aspirateur, l'ancien est mort depuis longtemps et son prédecesseur est toujours dans la cabane au fond du jardin (j'y vais quand j'ai besoin).
- Tondre la pelouse.
- Aller chercher une table de secours, pliante.
- Faire quelques réserves de bouffe.
- Nettoyer l'appartement.
- Faire la vaisselle.
- Déblayer un minimum pour installer un voire deux matelas supplémentaires.
- Vider l'étendoir à linge qui prend la moitié de la salle de bain à lui seul.
- Se raser (et en plus, pour moi, me couper les cheveux).
- Se doucher.
Nous n'avons que jeudi pour tout faire car nos premiers invités arrivent de Belgique vendredi matin aux alentours de 8h.
Au final, on a ni passé l'aspirateur, ni fait la vaisselle, ni déblayé, ni nettoyé (qui a dit qu'on était des feignasses ?). A la place, on a improvisé un bingo sur le chat dans la soirée. Impossible de passer l'aspirateur à 22h30. Nous avons donc naturellement remis cette tâche à plus tard. Le principal de notre temps libre a été consacré à la glandouille. Vers 4h du matin, on s'est quand même dit qu'il fallait passer dans la salle de bain. On s'est occupés de mes cheveux, puis de nos barbes d'une semaine. La douche ? Après, quand on aura fini de préparer le Qui Veut Gagner Des Millions qu'il fallait finir de coder avant l'arrivée de nos invités, partis à minuit et dont nous n'avions toujours pas de nouvelles alors que Red Coin devait nous envoyer un SMS au moment du départ.
Vendredi 03 mai.
Yywyn me confie alors la fin du quart de nuit : connaissant mieux les environs que lui, j'aurais plus facilement pu guider le convoi belge en cas de problème. On avait anticipé qu'après 8 heures de route, il auraient eu envie de faire une sieste et on comptait là dessus pour rattraper notre sommeil manquant. Le drow s'endort, je file prendre ma douche puis ramasser le linge. Je suis supposé le réveiller à 8h30, peu avant leur arrivée estimée en fin de nuit.
A 7h36, je reçois enfin un SMS de Sutol sur la hotline ! Quoique... "On est à 200km. En panne. On attend le dépanneur". Je file me coucher en transférant le SMS sur le portable de Yywyn et en lui rajoutant un commentaire sur mon programme, réveil à 10h, ça sera toujours ça de pris ! La hotline est posée juste à côté de moi, impossible de la louper si jamais je recevais des nouvelles.
Mon réveil sonne à 10h, je regarde la hotline, rien. Sur mon portable perso, 1 SMS en attente datant de 9h43 : "Coucou. On arrivera pour midi. Désolé du retard. Sutol". Ca me laissait donc 2 nouvelles heures de sommeil.
Yywyn se réveille en catastrophe à 10h30, paniqué de ne pas avoir été réveillé à l'heure prévue. Il pense que j'ai eu un coup de barre et que j'ai été me coucher, n'entendant pas l'arrivée de nos invités. Il a récupéré la hotline dans ma chambre et a alors compris la raison de mon sommeil prolongé. Il s'est aussitôt recouché et très probablement endormi en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire !
12h01, un SMS le réveille : "On vient d'arriver. Sutol et Red Coin". Il entre dans ma chambre en criant quelque chose comme "Ils sont dehors, réveille toi !". En effet, la voiture était garée devant l'immeuble. Il ouvre et passe sa tignasse hirsute dans l'entrebâillement de la porte. Je me lève en même temps, déjà habillé avec un bermuda et un t-shirt, les mêmes que j'avais sortis juste après ma douche et pas enlevés pour me coucher. Nous sommes sortis avec nos têtes de déterrés et avons papoté sur le parking pendant une quinzaine de minutes jusqu'à ce qu'une envie pressante rapatrie tout le monde à l'intérieur. On s'excuse pour le chantier et l'absence de ménage et commençons à le faire tout en continuant à discuter. La famille de Red Coin finit par nous quitter pour aller prendre possession de sa chambre d'hôtel. Nous avons poursuivi le rangement tout en discutant avec Red Coin installée sur ma terrasse et Sutol installé à table.
Nous avons ouvert la boîte de macarons de Jacopa à 15h15 et avons été grandement surpris par la quantité qu'elle comportait : entre 70 et 80 macarons pour... 7 personnes maximum. En même temps, Red Coin apprenait sur TeamSpeak que nous lui avions sournoisement changé son avatar pendant leur voyage ! S'est alors déroulé un jeu du chat et de la souris entre Yywyn qui sortait de la douche et qui menaçait de tomber la serviette si Red Coin ne trouvait pas la raison de ce changement. Sutol, mis dans la confidence grace au super tableau blanc, a éclaté de rire à en pleurer lorsqu'il a su la réponse. Finalement, Red Coin, la passionnée des chats, a trouvé qu'il s'agissait du phare du Petit Minou ! Elle a alors décidé d'adopter l'avatar que nous lui avions forcé.
A 16h nous avons commencé à préparer le repas de midi : les burgers à la Yywyn. Après avoir mangé, nous sommes partis acheter de la Red Bull (nos amis belges et Yywyn en avaient besoin pour tenir debout jusqu'à ce soir) et du Nutella, le café tant demandé par Red Coin depuis son arrivée attendra son retour prévu pour le dimanche soir ! Avant le visu, et comme ils doivent partir dimanche matin, nous prévoyons une visite touristique vers le nouvel endroit préféré de Red Coin, le fameux phare du Petit Minou ! Après quelques haltes photographiques sur la route de la corniche qui surplombe le port militaire de Brest et continue jusqu'à la plage de Sainte-Anne, nous sommes descendus jusqu'au Minou, longuement photographié sous toutes les coutures ! Pour l'anecdote, nous avons croisé un vrai minou au Minou, un gentil petit chat noir à qui Red Coin n'a pas pu s'empêcher de faire des mamouuuurs ! En rentrant, l'heure du dîner était déjà bien avancée. Yywyn avait décidé de nous préparer des fajitas. Il s'est remis aux fourneaux pour notre plus grand plaisir pendant que je préparais un grand saladier de 1,5L de pâte à crêpes ! Nous avons alors bâffré à nous en faire exploser l'estomac ! La soirée s'est poursuivie par une tentative d'Yywyn de nous faire découvrir le jeu "Les colocs". Sa lecture des règles, pendant que j'écrivais un mail, n'a réussi qu'à nous assomer. Nous nous sommes finalement rabattus sur le Rummikub apporté par Red Coin. Les parties ont été assez épiques : la fatigue n'aidant en rien, le manque de caféine de certains se faisait ressentir depuis un moment. Cela ne nous a pourtant pas empêché de raconter un bon nombre de bêtises tout en oubliant que TeamSpeak était ouvert et que quiconque pouvait nous entendre. Imaginez notre réaction quand nous nous en sommes rendu compte après que je me pose la question à voix haute : "Heuuuuu... On avait fermé TeamSpeak ?" Depuis, rien que le nom de ce logiciel suffit à nous faire à nouveau éclater de rire ! Nous avons terminé la soirée par une partie de Tetris géant avec l'organisation de la table pliante et des matelas.
Samedi 04 mai.
Les supers réveils de Yywyn nous sortent tous plus ou moins rapidement de nos lits, surtout moins pour l'une d'entre nous. Nous ne la citerons pas mais elle se reconnaîtra, n'est ce pas Red Coin ? Nous sommes trois à avoir le temps de nous doucher avant qu'elle n'ouvre l'œil. On comprend pourquoi elle aime autant les chats... On mange en vitesse, mais encore à la bourre. L'eau des pâtes ne voulait pas bouillir (forcément, Yywyn ne mettait pas la casserole sur le bon feu et je n'avais pas fait attention à ça). Comble de malchance, en sortant de la douche, Red Coin nous annonce avoir eu un petit problème avec ses cheveux : ils ont "légèrement" déteint sur les deux serviettes qu'elle a utilisées pour se sécher. Après le repas nous avons regroupé tout ce dont nous avions besoin pour le visu : ordinateur(s), cartons de lots Dragonium et les INDISPENSABLES macarons de Jacopa (que nous avons tout de même failli oublier...) ! Peu après notre arrivée au pub, je suis allé chercher Laflofanny et Wuba, son chien guide, à l'arrêt de bus situé à quelques pas. Au Murphy's, il n'y avait malheureusement pas de wifi à cause de quelques travaux. Une fois de plus, nous nous sommes connectés à Internet grâce à mon téléphone pour raconter sur le chat du jeu comment se déroulait le visu, merci Free. Nous avons démarré assez rapidement les animations prévues par le quiz sur la Bretagne, remporté par la seule représentante de la région. Sutol a ensuite remporté haut la main le premier blind test (malgré la boutade de Laflofanny sur le test à l'aveugle). Elle s'est rattrapée sur le jeu suivant : un jeu de culture générale où il fallait trouver des réponses commençant par une initiale sur un thème donné. Elle a aussi survolé le jeu de Sydd, jeu qui aurait très probablement été apprécié par Patakouette et Luna Liciole puisqu'il fallait trouver des jeux de mots avec mon pseudo. Vous me direz que j'oublie Red Coin dans tout ça. Elle aimerait sûrement être oubliée vu le peu de points qu'elle a marqué ;) Nous avons plié bagages vers 20h, raccompagné Laflofanny à son bus avant de retourner à la maison. Les restes de fajitas de la veille ont été engloutis et complétés par une seconde série de crêpes avant de débuter une nouvelle soirée de jeux pendant laquelle Yywyn a ressorti "Les colocs". Pas question de se coucher tôt : en début d'après midi, la famille de Red Coin nous avait annoncé qu'ils étaient en panne au Petit Minou. Impossible de réparer la voiture, aucun garage n'étant ouvert le week-end, le départ était au moins reporté à lundi.
Dimanche 05 mai.
Nous nous sommes finalement couchés vers 5h. Un réveil a été mis à midi pour pouvoir aller "fluncher" avec la famille de Red Coin. Heureusement qu'on ne lui en avait pas parlé avant... Quand le réveil a sonné, personne n'a bougé. On a décidé sans se concerter de poursuivre la nuit. Tant pis pour le repas, de toute manière on a tous beaucoup de sommeil à rattraper. Pour ma part je me suis rendormi jusqu'à 14h, j'aurais pu poursuivre la nuit mais vu que je bossais lundi, mieux vallait pour moi l'arrêter là. Arrivé à 17h je me suis dit qu'il fallait réveiller tout le monde : ça ne m'aurait même pas étonné qu'ils fassent un tour de cadran en plus si on les laissait faire ! En fin d'après midi, nous nous sommes absentés laissant Red Coin et Sutol seuls à l'appartement. Ce qu'ils ont fait lors de notre absence... Ne nous regarde pas ! C'est donc le soir que nous sommes allés manger tous ensemble à la cafétéria. La soirée a ensuite été très calme, nous avons joué au Rummikub avant de tous plus ou moins nous endormir sur le matelas posé dans le salon. Au bout d'un moment, alors que nous partions pour nous coucher, nous avons commencé un pendu (le premier mot à trouver a été Nutella... Yywyn ne s'est pas foulé, il n'avait pas d'idée, il a pris la première chose qui lui passait sous le nez !). Le tableau a alors circulé de main en main, pendant une bonne demie-heure jusqu'à ce que Red Coin, en manque, ne puisse plus se retenir de dessiner ! Nous nous sommes finalement décidés à nous coucher à 4h, alors qu'il ne nous restait même plus six heures de sommeil...
Lundi 06 mai.
Réveil à 10h, toujours relativement facile pour certains, beaucoup moins pour Red Coin qu'il a presque fallu tirer de son matelas pliant à 10h30, juste à temps pour qu'ils me déposent au boulot avant d'aller faire quelques courses. Red Coin et Sutol, en manque de caféine, se sont rués sur le rayon Red Bull et le café glacé. Avec Yywyn, ils ont prit plusieurs kilos de fruits frais pour faire une délicieuse salade de fruits ainsi que des raviolis qui ont été leur déjeuner.
Après un copieux repas, ils sont partis au centre ville de Brest car Red Coin voulait un piercing à l'oreille en souvenir. Ils ont ensuite calé avec sa famille une promenade pour le soir même. Le temps de me récupérer au travail et nous sommes rentrés à l'appartement car Yywyn avait un mal de tête. Ou une très grosse envie de dormir ! Tellement grosse qu'il ne s'est même pas aperçu de notre départ pour aller nous balader au jardin, avec vue sur la rade, en bas de ma rue. Lorsque nous sommes rentrés, il venait d'être réveillé par la famille de Red Coin qui appelait sur la hotline pour fixer l'heure de la balade. Nous avons ensuite fait la salade de fruits avant de partir, en retard, retrouver la famille de Red Coin. Nous avons rejoint le cours Dajot, une promenade longue de 500 mètres et surplombant de 30 mètres le port de commerce et la rade. Ensuite nous sommes descendus (au sens propre du terme, je n'ai jamais compté les marches qu'il y a mais... Si ça vous amuse, allez y en
cliquant là) sur le quai Malbert, voir l'
Abeille Bourbon, remorqueur de haute mer d'intervention, d'assistance et de sauvetage avant d'aller vers la marina du port du Château puis de rentrer manger. Nous avions prévu une paëlla mais vu l'heure avancée il était trop tard pour la préparer. Nous avons finalement mangé des plats à réchauffer, lasagnes pour Red Coin et Yywyn, pâtes et saumon sauce oseille pour Sutol et moi. Pendant ce temps là, le chef Yywyn préparait des feuilletés à la saucisse. Red Coin se servait par poignées entières et je prenais un malin plaisir à lui en piquer à chaque fois ! Nous avons rejoué aux colocs et au Rummikub avant de se coucher à 2h.
Mardi 07 mai.
Lorsque le réveil a sonné à 5h40, Sutol, Yywyn et moi aurions bien attrapé un marteau pour le faire taire... Red Coin, fidèle à elle même n'a rien entendu, même pas notre départ pour la gare à 6h15. Les billets avaient été retirés la veille, Sutol n'avait donc plus qu'à les composter en arrivant. Nous avons discuté quelques instants avec lui sur le quai avant qu'il ne monte dans le train. Nous sommes alors rentrés et ne nous sommes pas recouchés sous peine de pas nous lever avant... L'après-midi très probablement ! Ce qui aurait été catastrophique pour Red Coin que l'on devait déposer pour 10h en ville. Nous l'avons finalement réveillée à 8h30 et, comme nous savions que cela allait être difficile, nous avons acheté des croissants à la boulangerie après avoir raccompagné Sutol. Qui ne se lèverait pas un peu plus facilement pour des croissants frais ? Bon il manquait le café mais c'est toujours mieux que rien ! Après avoir replié une dernière fois son matelas et rassemblé ses dernières affaires, nous l'avons donc accompagnée jusqu'à sa famille et avons suivi leur taxi jusqu'à la gare. Vu l'avance que nous avions, même après le retrait des billets et leur compostage (une bonne heure), nous avons partagé un dernier pot au buffet de la gare. Tout le monde a alors gagné la voie C sur laquelle nous attendait leur TGV. Ils auraient tous bien voulus rester un peu. Heureusement c'est sans encombres qu'ils ont rejoint la Belgique !
C'est ainsi que se termine ce visu de deux jours. Nous ne savons pas encore où et quand aura lieu le prochain mais nous savons que nous serons les bienvenus en Belgique et nous remercions la famille de Red Coin qui a d'ores et déjà trouvé la salle pour nous accueillir ! Ces quelques jours passés tous ensemble ont été des plus agréables, nous espérons que les prochaines éditions seront toutes aussi joyeuses !
Bonus : le jeu de Sydd remporté par Laflofanny
Toutes les réponses contiennent le son SYDD.
Exemple : Que devrait-il faire après une vanne pourrie ? Se suisydder.
Pourquoi aime-t-il les citrons ? // Parce qu'ils sont acides.
Quelle est sa boisson préférée ? // Le cidre.
De quel crime a-t-il été accusé ? // fratricide, homicide, génocide, paricide, infanticide, régicide...
Que préfère-t-il chez le commissaire Navarro ? // Sa façon d'élucider des crimes.
Pourquoi ne s'énerve-t-il jamais ? // Il est placide.
Pourquoi n'aime-t-il pas prendre la voiture ? // Parce qu'il a peur des accidents.
Quelle est sa pierre fine préfére ? // L'obsidienne.
Qu'utilise-t-il pour se décolorer les cheveux ? // Du péroxyde d'hydrogène
Quelle était sa qualité à l'école ? // L'assiduité.
Quel égard aime-t-il qu'on ait vis-à-vis de lui ? // De la considération.
Pourquoi n'utilise-t-il pas de couverts en plastique ? // Parce qu'il préfère l'acier inoxydable.
De quoi l'accuse-t-on quand il sort une vanne, qu'on l'engueule, et qu'il recommence ? // De récidive.
Pourquoi peut-il prédire l'avenir ? // Car il est extra-lucide.
Que trouve-t-on dans sa respiration ? // Du dioxyde de carbone.
Qu'a-t-on souvent envie de lui faire ? // Le trucider.
Pourquoi n'hésite-t-il jamais longtemps ? // Car il se décide rapidement.
Qu'est-ce qu'il met sur les légumes de son jardin ? // Du germicide, de l'insecticide, des pesticides.
Quel est son véhicule préféré ? // Un side-car.
Pourquoi vit-il en France et pas en Chine ? // Il préfère l'Occident.
A qui donne-t-il les chats qu'il tue ? // A un taxidermiste.
Quelle est sa ville préférée ? // Sydney.
Quelle est notre réaction après une de ses vannes pourries ? // On est sidéré !